Tribune publiée dans les Echos le 20 novembre 2016

Les rapports entre médecine et entrepreneuriat n’ont jamais été autant débattus qu’aujourd’hui. Les professionnels médicaux entrepreneurs sont de plus en plus nombreux, et, surtout, les transformations actuelles du système de santé atteignent les modes d’exercice de la médecine.

A quelles conditions, la profession médicale peut-elle s’ouvrir largement à l’entrepreneuriat ?

Une médecine entrepreneuriale répond à une pluralité de questions comme  l’adaptation des moyens du numérique à la pratique médicale, les changements concernant la formation initiale et le développement professionnel continu, la restructuration des organisations ambulatoires, hospitalières et territoriales.

Ceci suppose de sortir positivement du choc culturel entre médecine et entrepreneuriat. Ce choc culturel tient sans doute pour chaque praticien au grand écart entre le colloque singulier et l’anonymat de l’entrepreneuriat, à la gestion qui le rebute et à ses rapports complexes avec le profit.

Ce choc tient également à l’organisation de l’entrepreneuriat avec les avancées technologiques. Promus par les entreprises de la e-santé, le plus souvent des starts-ups, et par les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon… IBM, Microsoft…), le numérique transforme les systèmes de santé. Alors que des entreprises du médicament ou du dispositif médical commercialisent encore leurs produits dans le cadre de prescriptions médicales en menant des études cliniques, les entreprises du digital évitent de passer par la composante clinique de l’entrepreneuriat en santé. Qui plus est, la clinique est perçue comme un frein, voir un obstacle, à l’organisation commerciale, financière et industrielle de ces sociétés dont la plupart opèrent hors du champ de la santé. Dans ces conditions, les algorithmes d’intelligence artificielle concernant le diagnostic, le traitement ou le pronostic des maladies, risquent de sortir du champ de la médecine.

Or, non seulement les valeurs cliniques sont irréductibles aux valeurs commerciales, industrielles et financières, mais elles permettent de les équilibrer et de les potentialiser.

Aujourd’hui, les  professions médicales sont fondées sur trois modes d’exercice: libéral, salariat du privé et de la fonction publique, avec des exercices mixtes. Ce n’est pas le cas des professions de l’ingénierie et du management pour lesquelles, au contraire, l’exercice entrepreneurial est normal et même encouragé.

Que la médecine fasse de l’entrepreneuriat un mode d’exercice normal et,  réciproquement, que l’entrepreneuriat comporte une composante clinique forte ! Alors, une médecine entrepreneuriale plurielle apportera des solutions nouvelles à des problèmes aujourd’hui insolubles.

Accompagner la croissance d’une médecine entrepreneuriale pour relever les défis des systèmes de santé

Baptisée SAPIENS 5*, l’entente professionnelle entre la médecine, l’ingénierie et le management créée par des entrepreneurs, praticiens, experts, chercheurs et professeurs, aide les porteurs de projets d’innovation à s’approprier cette culture de l’entrepreneuriat individuellement, avec leurs organisations professionnelles et dans le cadre des structures où ils exercent. Il s’agit d’associer les qualités d’indépendance de l’entreprise et de solidarité de l’établissement.

L’originalité de Sapiens 5 repose sur une culture sélective et précoce des projets d’innovation en santé favorisant leur éclosion et leur croissance entrepreneuriale, grâce à une formation, un accompagnement et un encadrement vers l’investissement.

Sapiens 5 promeut aussi la convergence des talents cliniques et industriels pour équilibrer les forces commerciales et financières dans une coévolution des filières de soins, produits et services. Notre tribune dans les Echos le 20 octobre “L’entrepreneuriat en santé : une chance historique pour l’industrie française”, éclaire cette convergence d’intérêts.

Médecine et entrepreneuriat partagent les valeurs de liberté et responsabilité. Elles s’accordent avec les aspirations de chacun d’être auteur de sa santé. C’est par là qu’un nouvel équilibre entre industrialisation et financement du système de santé peut être trouvé.

* Informations sur www.sapiens5.com

Le Cercle Les Echos – 20 octobre 2016

Les auteurs

Professeur Michel Daigne
Professeur Michel Daigne
Ingénieur, entrepreneur, Professeur Grande Ecole,
Co-Président Centrale Santé,
Fondateur de Sapiens 5
Gilles Lassere
Gilles Lassere
Manager, entrepreneur, dirigeant de grande entreprise,
Président Essec Santé,
Fondateur de Sapiens 5