Table ronde

Reputation : comment restaurer l’image de la pharma ?

Crédit Photo : Artgraph Painter

Table ronde organisée en partenariat avec le LEEM

57 mn

Les Français reconnaissent l’efficacité des médicaments et affichent un niveau de confiance élevé. Mais la bonne appréciation du produit ne bénéfice pas au producteur : les laboratoires font l’objet de critiques. Quelles mesures prendre pour améliorer la réputation d’un secteur qui sauve pourtant des vies ?

Table ronde animée par Éric DE BRANCHE, Directeur de la Communication du Leem

Eric de Branche
Eric de BrancheDirecteur de la Communication - Leem

Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP) et du Centre de Formation des Journalistes (CFJ).
Éric de Branche a rejoint le Leem en 2010, l’organisation professionnelle qui fédère l’ensemble des entreprises du médicament en France (270 adhérents qui emploient 100 000 collaborateurs).

Participants

Carole Avril
Carole AvrilDirectrice générale de la Fédération française des diabétiques

Un engagement au service du développement de la Fédération
Carole AVRIL, 42 ans, est titulaire d’une maîtrise de droit privé, d’un Master en Economie et gestion hospitalière privée, d’un Master Management général hospitalier (Essec Business School).
Elle est Directrice Générale de la Fédération depuis 2013.
Avant de diriger la Fédération, elle y a fait ses armes depuis 2004 où elle entre comme attachée de direction. Elle a également eu la responsabilité de la plate-forme téléphonique « AllôDiabète » : le service social et juridique de la Fédération.
Consciente que la gestion du diabète et du quotidien de la maladie peuvent être améliorés s’ils se partagent entre patients, elle a été Chef de projet du programme de formation des « Patients Experts » de la Fédération, visant à développer l’accompagnement par les pairs.

Une vision innovante pour valoriser le rôle des patients
Convaincue que les patients et la Fédération Française des Diabétiques ont un rôle à jouer dans la révolution du numérique dans la santé, elle a été à l’origine de la création du Diabète LAB, lancé en mars 2015. Au coeur de l’écosystème de la santé de demain, le Diabète LAB a pour vocation de favoriser l’expertise des patients – les Diabèt’Acteurs (près de 2 000 à ce jour) – dans l’élaboration, le développement et l’évaluation des innovations.
De par son expertise et son engagement à soutenir le rôle et les valeurs de la Fédération, elle intervient et participe régulièrement à des groupes de réflexion et à des colloques sur la médecine de demain, la e-santé, les technologies et approches innovantes.

« Animer, c’est donner une âme » dit-elle
Animatrice de nature, elle fait vivre la stratégie et l’esprit militant de la Fédération au travers des projets structurants. Carole AVRIL pilote au quotidien l’équipe du siège à Paris (17 personnes) et met toute son énergie au service de la Fédération et de son rayonnement sur tout le territoire et auprès des 90 associations fédérées.
Son engagement au service de la santé s’exprime également dans les chroniques de son blog « Littérature & santé », rédigées à partir de livres, des réflexions sur les patients, les professions de santé et le numérique.

Jean-Yves Lecoq
Jean-Yves LecoqVice-Président & Secrétaire-Général Laboratoires GlaxoSmithKline France

juin 2010 – Aujourd’hui (6 ans 6 mois)

Head of :
Established Products Portfolio Operations
Business Development
Key-Accounts & Commercial Direction
Customer Services
Corporate Communications.
Change Management and ADP
Market-Research and Commercial Excellence
Crisis Management Director
FEDIALIS MEDICA (Software & DATA BASE for healthcare)

Corporate Communications Director
laboratoire GlaxoSmithKline
juin 2002 – juillet 2010 (8 ans 2 mois)

Sales and Marketing Services Director
Laboratoires GlaxoWellcome
novembre 1996 – 2002 (6 ans)

Commercial Director
Laboratoire Jouveinal
1992 – 1996 (4 ans)

Head of Sales and Marketing training Institute
Laboratoire Glaxo
1986 – mai 1992 (6 ans)

Formation
Faculté de médecine
Doctor of Medicine (MD), medecine

1975 – 1985
Activités et associations : Permanentier SAMU

Pr Grégoire Moutel
Pr Grégoire MoutelPrésident du Comité de Déontoviligance du Leem

Médecin (spécialiste clinique en endocrinologie et universitaire en éthique médicale, médecine légale et droit de la santé), membre de l’équipe Inserm 1086, Normandie Université, chef du Service de médecine légale et droit de santé du CHU de Caen et directeur de l’Espace Régional de Réflexion Ethique.

Spécialiste des questions d’éthique appliquée en santé, il est titulaire d’une habilitation à diriger des recherches (HDR).
Les domaines de recherche de Grégoire Moutel sont : Ethique et santé, Bioéthique, Responsabilité professionnelle, Analyse des pratiques en santé et éthique de la décision.
Il est l’auteur de nombreuses publications internationales et d’ouvrages dédiés à ces questions.
Il est également membre du Comité d’éthique de l’Inserm et ancien membre du Comité de déontologie de l’INCA.

Benoit Thieulin
Benoit ThieulinFondateur et directeur de l'agence d'innovation numérique La Netscouade

Spécialiste des questions d’innovation numérique, Benoît Thieulin est observateur et acteur de la révolution digitale depuis le milieu des années 90.

Fondateur de La Netscouade en 2007, il est nommé Directeur de l’Innovation d’Open lorsque celle-ci l’acquiert, en août 2016. Enseignant à Sciences-Po depuis 2010, il vient d’y être nommé co-doyen de l’Ecole du Management et de l’innovation.

Il est membre du conseil d’administration de Terra Nova, administrateur de France Télévisions, et conseille de nombreuses grandes entreprises dans leur stratégie d’innovation.

De 2013 à 2016, Benoît Thieulin préside le Conseil National du Numérique.

Quelques extraits des interventions :

  • Selon les études la confiance dans les médicaments est de 85% en France mais celle dans les laboratoires pharmaceutiques est bien moindre. De multiples raisons expliquent la méfiance : scandales sur les vaccins, études controversées sur les effets secondaires des vaccins et de certains médicaments, coût des traitements ou encore problèmes de ruptures de stock. Transparence et éthique entrent particulièrement en compte dans ce contexte.
  • Seul un Français sur deux considère aujourd’hui que la vaccination présente plus de bénéfices que de risques. Les perceptions varient d’une génération à l’autre : 63 % des 55 – 59 ans s’accordent pour dire que les vaccins sont plus bénéfiques que risqués. Ils ne sont en revanche que 43 % chez les 25 – 34 ans. Les populations doivent accepter l’incertitude de certains traitements (cf. petits effets indésirables en comparaison avec le bénéfice d’un traitement) ce qui suppose un travail de pédagogie
  • L’industrie a su reconnaître sa responsabilité dans certains cas, c’est ce qu’elle pouvait faire de mieux pour tenter de regagner la confiance, mais c’est insuffisant. Une réhabilitation des collaborations publiques/privées est nécessaire au même titre qu’une évolution des règles déontologiques, sans oublier que le secteur du médicament en France est l’un des plus régulé qu’il soit.
  • Le numérique aggrave les rumeurs concernant les laboratoires pharmaceutiques et leur mauvaise image est contagieuse. Cette tendance générale de méfiance se confirme également vis-à-vis d’autres instances de la société. Cette problématique est spécifique à l’usage du médicament : dans la chaîne de responsabilité, les erreurs proviennent parfois de certains patients. L’apprentissage est nécessaire dans la prise d’un traitement. Problématique du repli sur soi des laboratoires pharmaceutiques mais nécessité pour eux de s’exprimer dans la presse et de ne pas subir.
  • Pour Carole AVRIL il faut remettre plus en avant la question de l’accès aux soins des patients et revoir l’ensemble du système de santé.  La co-construction entre les différents acteurs est nécessaire et il est important que les labos pharmaeutiques respectent les valeurs des associations de patients. Citation du colloque « Diabète et innovation : en finir avec le patient alibi » organisée par la Fédération Française des Diabétiques, le 14 novembre journée mondiale du diabète
  • Pour Benoît THIEULIN le digital est incontournable. Il faut prendre en compte les conversations en ligne. Il y a également un devoir d’information du public sur la marge appliquée lors d’un partenariat avec un laboratoire pharmaceutique auquel les bénéfices sont reversés . Pour Grégoire MOUTEL, l’engagement d’un labo est mesurable par rapport aux dons qu’il verse aux associations de patients mais il y a également d’autres indicateurs pertinents.
  • Pour Jean-Yves LECOQ il y a beaucoup de contraintes pour les laboratoires pharmaceutiques et il n’est pas toujours nécessaire de communiquer auprès du grand public. Pour lui, les pétitions sur la vaccination (anti-vaccination) sont irresponsables. Il est favorable aux nécessaires changements des organisations qui fonctionnent encore en silos. Il pose la question du sens de la régulation institutionnelle française au regard de la « transparency international » organisée au niveau des entreprises internationales.
  • Pour André DARMONT, il faut dédiaboliser l’image des labos pharma. A cet effet, la stratégie du numérique est importante de même que la transparence des relations entre les laboratoires pharmaceutiques et les cliniciens
  • Pour Grégoire MOUTEL, les pouvoirs publics doivent reprendre la parole et la ligne politico-médiatique est à revoir. La timeline du web est d’un volume considérable comparé aux volumes de la presse papier. La vérification des faits (fact-checking) sur le web est souhaitable.
  • Pour Jean-Yves LECOQ il ne faut absolument pas fuir les médias et même il faut aller à leur contact, y compris vers Elise Lucet et son émission Cash Investigation

Définition de critères mesurables pour améliorer la confiance envers les laboratoires pharmaceutiques :

1/ Etudier les partenariats et les projets mis en place par ces derniers pour répondre aux besoins des patients,

2/ Afficher leurs partenariats comme des politiques publiques claires, lisibles et contrôlées,

3/ Montrer et renforcer l’investissement dans la recherche et les sciences humaines, au service du bien-être des patients,

4/ Les considérer comme des acteurs de santé publique concourant à l’intérêt général 

5/ Assurer plus de transparence aux données cliniques sur les médicaments,

6/ Clarifier les relations avec les professionnels de santé.

3 pistes proposées par Benoît Thieulin pour aider à reconstruire l’image des labos :

1/ Une meilleure connaissance de la conception du médicament (ce qui suppose une meilleure pédagogie auprès du grand public sur la relation entre l’industrie pharmaceutique et les experts)

2/ Un changement nécessaire de la nature même de l’écosystème gouvernement/ industriels/patients

3/ Une reconfiguration de la recherche médicale

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